Dominique Daquin est une photographe française :
" de la Normandie
à la Picardie "
Pour moi, c’est le reflet d’une personnalité !
Partons d’une définition de Nicolas Mériau, journaliste, photographe et formateur :
« L’oeil du photographe…c’est celui qui veut rassembler dans une image les qualités - choix du sujet, point de vue, cadrage, composition, maîtrise technique, originalité - en y ajoutant l’expression d’une sensibilité, d’une personnalité. » .
Ce qui est intéressant et rassurant c’est que l’oeil du photographe peut faire des merveilles dans tous les domaines et tous les sujets. L’important n’est pas tant le sujet auquel on s’intéresse mais plutôt la façon de le regarder et de le montrer. Robert Doisneau disait : « Si je savais prendre une bonne photographie, je la ferais à chaque fois. »
L’exposition de mes photos aux regards des autres n’est pas basée sur la performance photographique, ni même technique, mais bien sur « l’œil » celui que l’on vient de décrire précédemment et l’envie de partager.
L’idée d’oser la première « exposition photographique » est née tout d’abord d’une rencontre avec Myriam Zouaghi-Maulet, amie, peintre et directrice de la Galerie d’Ici et d’Ailleurs, puis de notre participation à l’évènement Normandie Impressionnisme en présentant le projet de notre atelier pour enfants d’Arts visuels installé à Fourges, et enfin la visite de l’exposition de photographies, en juin dernier organisée par le Musée des Impressionnistes à Giverny dont le thème était : Cinq regards de photographes contemporains sur le jardin de Monet. J’ai retenu de Bernard Plossu cette phrase : « Une bonne photo c’est une photo d’atmosphère ».
Ce fut le déclic…Un choc émotionnel me submergea à la vue de toutes ces photos du jardin tellement connu, puis me vint ensuite de multiples pistes pour de travail avec les enfants dans l’atelier et enfin naquit l’idée, pour moi-même, de prendre du plaisir et d’oser photographier autrement ce jardin merveilleux imaginé par le peintre Monet qui change de couleurs, de lumière au fil des heures, des moments de la journée et des
saisons. J’ai choisi la période de l’automne qui exalte les couleurs et met en valeur cette douce lumière de fin d’été. J’avais envie en entrant dans ce jardin de retrouver les sensations, les émotions, les impressions semblables à celles du peintre en utilisant mon regard « sensible » autrement afin de pouvoir peut être le partager avec d’autres.
J’avais aussi à l’esprit le travail du peintre Monet et qui dit Monet dit Impressionnisme. Quand on parle de l’impressionnisme, on pense mouvement pictural caractérisé entre autres par des traits de pinceaux visibles, par une composition ouverte, l’utilisation d’angles de vue inhabituels, une tendance à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes climatiques et lumineux plutôt que l’aspect stable et conceptuel des
choses.
J’ai compris en faisant mes photos « le jeu des mille paillettes dansantes de Delacroix » et ce qu’était la recherche de la lumière et des couleurs et comme le disait très justement Claude Monet : « saisir le réel dans la mobilité de ses lumières changeantes ».
J’ai réalisé en lisant le livre écrit par Pascal Bonafoux ce qu’a été le travail intense, sans cesse renouvelé, sans cesse recommencé de Claude Monet sa représentation de l’atmosphère où les objets sont immergés, nulle couleur n’existe en soi. Comme la vie des formes, la couleur est fonction de la lumière non pas inerte et fixe, mais diverse en intensité et en qualité : un fluide en continuelle vibration. J’ai éprouvé des émotions fortes, voir
violentes, sensibles, intriguées, curieuses en lisant ce livre et que j’ai retrouvés en photographiant ce jardin « impressionniste ».
L’œuvre de Monet témoigne d’une passion pour les jeux de lumière et les reflets des nuages dans l’eau. Mirbeau écrivait : « Monet a fait sortir de sa palette tous les incendies et toutes les décompositions de la lumière, tous les jeux d’ombre…Tout ce qu’il a touché il y a mis la vie et la sensibilité… Je trouve chez Monet une sensibilité de l’œil plus délicate et en quelque sorte plus affectable, une compréhension plus puissante et plus vaste ».
J’ai tellement aimé ce moment de communion entre la nature, la peinture et la photographie que j’avais envie de vous le faire partager dans la plus grande simplicité. Je continuerai à « hanter » ce magnifique jardin à la recherche des couleurs et des différentes lumières avec mon œil…et mon appareil photo car il faut encore exercer sans cesse cet œil « sensible » qui est le mien.
Mes ingrédients magiques pour travailler :
Je me base pour travailler sur les 5 ingrédients magiques… cités par Nicolas Mériau :
La prise en compte de la réalité…
Le photographe se nourrit du monde réel et peut en immortaliser les meilleurs moments et les plus belles créations. La prise en compte de la réalité suppose que le photographe accepte que l’image aussi fidèle soit elle soit toujours différente du sujet. Cela l’autorise et lui impose de faire des choix artistiques au profit de la photo…de laisser parler « son œil. »
L’exploitation des détails
Il faut s’y faire, la photo est peu adaptée à la narration. En revanche elle sait exprimer les choses par la suggestion et par l’exploitation des détails comme symboles. Alors le photographe cherche la petite bête et se trouve « un œil ».
Le choix du cadrage
Le photographe fonctionne selon le principe de l’inclusion et de l’exclusion. Ce qui est conservé à l’intérieur du cadre est toujours le résultat d’un choix qui n’est pas neutre.
La mise en valeur d’un instant
La photo ne permet de représenter qu’un laps de temps c’est un outil artistique puissant qui permet de saisir un équilibre fugace des lignes et des formes jusque là rendu invisible par le flux du mouvement. C’est ce que Cartier Bresson appelait « l’instant décisif »
Le point de vue
Soit par volonté de montrer les choses autrement, soit par nécessité de s’adapter aux contraintes des lieux, le photographe choisit son point de vue.
Je fais mien ce conseil : développer son regard en enrichissant son univers intérieur.
« C’est en développant et en enrichissant notre univers intérieur celui qui fait que vous êtes vous-même et pas une autre personne. Car plus que tout autre chose, c’est la projection de cet univers sur le monde qui donnera à votre regard sa valeur et son caractère unique. »
Retenons la citation d’un philosophe français Gustave Thibon :
« Ce n’est pas la lumière qui manque à notre regard, mais c’est notre regard qui manque de lumière ».
Dominique Daquin